« Monde réel, Monde perçu, Monde fictionné »

En partenariat avec le musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris

Le rapport entre le réel et la perception fictionnelle que nous en avons est depuis longtemps au cœur de ma réflexion artistique. Qu’est-ce que le réel ? Si je m’en tiens à cette définition : « Qui existe d’une manière autonome, qui n’est pas un produit de la pensée ».

Pour la saison 2022-23, je vais mettre en scène le texte de Sabryna Pierre Incroyable (paru aux Éditions théâtrales en septembre 2018). Sa thématique, la rumeur d’Orléans, nous oblige à nous interroger — aujourd’hui plus que jamais— sur notre rapport au réel et à la fiction.

Comment toute une ville a pu croire durant quelques jours que des jeunes filles disparaissaient dans des cabines d’essayage sous les yeux de tous sans que jamais aucun fait n’ait été avéré ? Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui encore on croit ou pas une rumeur, on l’alimente, on l’amplifie, on participe à son expansion ? Dans ce texte, l’auteure prend à contre-pied la démarche sociologique, et nous invite de manière ludique à sonder les angles morts de nos consciences, en poussant plus loin le processus de la rumeur qui façonne et gouverne notre appréhension du réel.

Je souhaite associer le public à ce travail de création – et ceci dès le début du processus -, afin de favoriser l’appropriation du projet par ses futurs spectateurs, d’ancrer le travail de recherche artistique sur le territoire, et développer ainsi de nouveau liens entre le théâtre et ses publics.

Dans quelle mesure les fictions lues ou regardées favorisent-elles ou parasitent-elles la construction du rapport au monde des adolescents ? Y a-t-il confusion de certains jeunes entre la réalité et la fiction ? Le rapport des adolescents aux fictions littéraires ou filmiques est-il régi par les mêmes règles que celui à l’information ? Pourquoi certains adhèrent-ils de façon si tenace aux théories « complotistes » ? Quelles différences entre l’adhésion à des fictions filmiques ou livresques et l’adhésion à des fake news ? En quoi les fictions permettraient-elles l’exercice de la raison ? Est-ce le cas de toutes les fictions ? Pourquoi permettraient-elles le développement de l’esprit critique ? 

Marie-Christine Mazzola