Tu trembles – EABJM Paris 15e arr
Bruno Allain
C’est Marie-Christine Mazzola, en sa qualité de metteuse en scène de la compagnie qui animé cet atelier. Elle le codirigeait avec Christelle Robin, professeur référent du lycée. Pendant cette année scolaire, l’atelier a abordé les écritures actuelles au travers de deux textes : Tu trembles, saison 1 de Perdus dans l’immensité de Bruno Allain et Iphigénie ou le péché des Dieux de Michel Azama. Une représentation a eu lieu le 4 juin 2014 au théâtre de l’école pour présenter le travail des élèves de cette année.
Résumé de Tu trembles : Cette pièce est la première saison d’une saga, Perdus dans l’immensité évoquant en une série de tableaux une humanité qui tente, dans un dernier élan, de reconstruire autrement le monde. Ce texte est une critique forte de notre société, mais il ne s’arrête pas au ressassement, il avance toujours et encore.
Résumé de Iphigénie ou le péché des Dieux : Comment dire l’effondrement des mythologies, la désertion des philosophes, la suspicion de nos pauvres moyens de connaissances, le déshonneur de notre temps, l’envie d’en dépasser les bornes et de vivre, avec quelques autres dans l’émancipation ? Ce n’est pas que rien n’ait changé, c’est que tout est devenu pire : chaque jour dans un lieu du monde s’accomplit le sacrifice de milliers d’Iphigénie. Je n’ai pas écrit une énième version d’Euripide, mais un texte pour la jeunesse d’aujourd’hui, que ça passionne, contrairement à ce qu’on nous raconte, mais qui sent d’autant plus l’impuissance à mettre au monde des utopies combattantes que celles de leurs pères, du Che à Freud, sont mortes. (Michel Azama)
Au travers de ces deux textes il s’agissait pour la metteuse en scène de questionner à nouveau l’engagement de la jeunesse et de lui faire goûter aux nouvelles dramaturgies.
Lors de cette année scolaire, la classe a participé au « Festival Première Scène » organisée par le Lycée Français de New York. C’est un événement annuel qui rassemble les amateurs de théâtre et de la langue française. Chaque année, une quinzaine d’écoles en provenance d’Amérique du Nord e (Canada, États-Unis, parfois Haïti et France) participent à cet événement phare de la francophonie organisé par le Lycée Français de New York (LFNY). Pour cela, un voyage scolaire a été organisé du 29 janvier au 3 février 2014 à New York auquel a participé la metteuse en scène Marie-Christine Mazzola. Le Grand prix dans la catégorie premières et terminales est revenu à l’École Active Bilingue pour son interprétation de Tu Trembles de Bruno Allain et un extrait d’un discours au congrès de la paix en 1849 de Victor Hugo. Ce fut donc une très belle réussite pour la classe.
Parmi les membres du jury du festival : Philippot Aufort (auteur de théâtre et comédien).
Extrait
Discours d’ouverture du Congrès de la Paix, le 21 août 1849.
Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. – Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la Diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France !
(Applaudissements.)
Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! (Rires et bravos.)
Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe (Applaudissements), placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu !
(Longs applaudissements.)
Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.
Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer.