Tu trembles

de Bruno Allain

Mise en scène tout public
Charmante Cie

 

Mettre en scène Tu trembles m’est apparu comme une nécessité dès la première lecture. À l’heure des discours alarmistes et sans espoir sur l’avenir de notre monde, ce texte donne à entendre, au moyen d’une écriture percutante, des êtres humains qui, malgré leurs doutes, leurs peurs, leurs inquiétudes, se questionnent, se risquent, échouent, s’entêtent et quelques soient les obstacles, toujours avancent.

Nous avons choisi de mettre en scène une humanité en ruptures et en errance. Tu trembles présente une dramaturgie éclatée pour raconter la crise, le délitement social, les dérives financières et idéologiques… La pièce tente de saisir, non pas dans une histoire mais au moyen d’histoires multiples, la complexité de notre humanité. Nous avons cherché un fil rouge à toute ces histoires : le son d’une radio, écho des rumeurs et du tumulte du monde, sera le lien entre les tableaux.

Et sur le plateau, la musique, interprétée en direct, sera aussi le fil conducteur de cette rhapsodie : à la fois matière à ambiances et émotions, accompagnant le périple troublé des personnages, à la fois personnage elle-même. Aussi sera-t-elle délivrée en live, mobile et alerte, réinventée chaque soir : pour dire l’urgence.

Dans Tu trembles, les individus se disent, s’activent, s’interrogent, se rassemblent, dans cette tension irrésolue : la tentative d’être pleinement au réel, de participer à un monde sans y appartenir. Aussi, nous cherchons à travailler des personnages qui sont dans un état où ce n’est pas fini : en état d’alerte, en attente, en tension.

Premier volet d’une pièce-paysage, Perdus dans l’immensitéTu trembles évoque en une série de tableaux une humanité faisant face aux dérives du monde : des êtres de l’hypermodernité, qui se tiennent toujours debout alors que tout tangue autour d’eux et qui tentent, dans un dernier élan, de reconstruire autrement le monde.

Cette pièce pose la question de l’engagement et tente de raconter les tremblements de l’Homme contemporain, entre constats et utopies. Notre volonté de mettre en scène ce texte est de produire à notre tour un geste lumineux, ouvert sur l’espoir d’autre chose, d’un monde à inventer.

Marie-Christine Mazzola

(2013) MAQUETTE
au Théâtre Firmin Gémier / La Piscine (Châtenay-Malabry, 92)
le lundi 7 octobre 2013
[1 représentation]

(2014) CRÉATION / DIFFUSION
à Confluences (Paris 20e, 75)
les 12 et 13 avril 2014
[2 représentations]

au Local (Paris 11e, 75)
du 11 au 18 mai 2014
[10 représentations]

à Gare au Théâtre (Vitry-sur-Seine, 94)
Festival Nous n’irons pas à Avignon
du 2 au 6 juillet 2014
[5 représentations]

(2015) TOURNÉE
au Théâtre de l’Opprimé
(Paris 12e, 75)
Carte blanche à la Charmante compagnie
du 7 au 25 janvier 2015
[15 représentations]

au Théâtre 95 (Cergy-Pontoise, 95)
du 11 au 13 mai 2015
[3 représentations]

UNE FEMME

J’ai dit oui. J’ai dit oui. Vous vous rendez compte ? Moi, j’ai dit oui. Il y avait les vitraux : le berger, les moutons, l’étoile filante. Il y avait l’orgue à te trembler les intestins. Et la croix violette sur la robe du curé. Et les flashs comme à Hollywood. J’ai dit oui. Merde merde merde ! Qu’est-ce qu’il va en chier ! Ma mère pleurait : les yeux rouges, les joues rouges, le nez rouge, les lèvres dégoulinantes et son chapeau comme une meringue. Sûr, elle pleure encore. Impossible de fermer le robinet. Le regard tourné vers sa jeunesse en ce temps où justement elle aussi toute en blanc. Et mon père : rien, la gueule ; mon père avec « Libération » dans la poche comme un jour ordinaire. J’ai dit oui. Et lui aussi. Jack pot ! Ah ah ! S’il savait ! Tu as l’autre qui nous débite ses discours en latin, humérus et cubitus, puis qui s’avance en tenant le coussin avec les alliances dessus et tatata « voulez-vous prendre pour époux… » j’ai dit oui. C’était grandiose, c’était sublime, s’il vous plaît, appelez-moi madame. Pour être exacte, je me suis entendu dire oui. Je transpirais sous les bras. Incroyable ! Ça ne m’arrive jamais, je ne supporte pas, ça me fait penser à la femme de ménage qui passait le balai comme un bulldozer, le nombre de trucs qu’elle a cassés quand j’étais gamine ! J’avais fabriqué à la maternelle un cendrier en forme de cœur et plaf ! J’ai chialé mais chialé ! OUI, j’ai dit. Et les murs de l’église ont renvoyé : « oui oui oui ». Comme si j’avais hurlé. D’ailleurs sans doute j’ai hurlé. Et je peux vous assurer : ce n’est pas fini. Qu’est-ce que je vais le faire chier ! J’adore ça : faire chier ! Regardez, je suis ma-ri-é yéyé. Maintenant j’ai tous les droits. Avec Irène, avec Jocelyne, avec Isabelle et toutes les autres, on se tient les coudes, c’est depuis la finale du championnat de France contre Bourgoin, on s’est dit : les mecs, tu t’occupes du pantalon, la bonne mesure, ni trop ni trop peu, et po po poh ! à toi la belle vie ! Il attend dans la bagnole, un truc de 3 kms de long que tu loues une fortune avec vitres fumées, chauffeur et le champagne dedans. Ça doit lui klaxonner entre les deux oreilles. Klaxonne donc mon bonhomme. J’ai dit oui. Les hirondelles volent haut dans le ciel. Baromètre sur beau fixe. Il ne se rend pas compte. Il pense à ce qui va lui arriver, là, sur la banquette en cuir alors qu’on traverse la ville, ce qui va lui arriver pendant la fête et les copains, et le cinq étoiles, et l’île Montrukenpoulos je ne sais plus où en Grèce. Et il va en chier ah ah…


Photos

mise en scène Marie-Christine Mazzola collaboration artistique Clémence Laboureau scénographie Bruno Allain et Amandine Livet création sonore et musicale Lucas Barbier création lumière Tanguy Gaucher et Brice Cousin création costume Pétronille Salomé

Durée 1h30

Production La Charmante compagnie
Coproduction Gare au Théâtre de Vitry-sur-Seine (94)
Contact Clémence Bary, chargée d’administration
Crédits photo Clémence Laboureau
Crédits vidéo Pierre Guenoun

Avec Tamara Al Saadi (comédienne), Bruno Allain (auteur & comédien), Juliette Allain (comédienne), Lucas Barbier (musicien) et Karim Khali (comédien).

Soutiens à l’écriture la Région Île-de-France et le Centre National du Livre.
Résidences artistiques au Théâtre Firmin Gémier / La Piscine (Châtenay-Malabry, 92), au Local (Paris 11e arr), au CENTQUATRE-PARIS (Paris 19e arr) et à Gare au Théâtre (Vitry-sur-Seine, 94).
Soutiens à la création l’Adami, la Spedidam, le journal « Le Monde ». Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National de Paris et de l’Ensatt de Lyon. Le spectacle est labellisé « Rue du Conservatoire ».